Prévoyance complémentaire : attention aux modifications de régime.

La mise en place d’une
prévoyance complémentaire nécessite un engagement formel de l’employeur auprès
de ses salariés dit « acte juridique fondateur », matérialisé par un
accord de branche ou d’entreprise, un référendum ou encore une décision
unilatérale de l’employeur (DUE) constatée dans un écrit et remis à chaque
salarié.

Cette formalité est
obligatoire pour permettre à l’entreprise de bénéficier des exonérations
sociales attachées à la contribution de l’employeur à un régime de prévoyance
complémentaire obligatoire et collectif. 

L’employeur doit donc
être vigilant à double titre, non seulement lors de la mise en place du régime
de prévoyance complémentaire, mais aussi lors de chaque modification de
celui-ci.

Cette règle vient d’être récemment rappelée par la jurisprudence précisant la contribution patronale à un régime de prévoyance mis en place par DUE dont la modification n’a pas fait l’objet d’un écrit remis à chaque salarié que doit être réintégrée dans l’assiette des cotisations de sécurité sociale (Cass. 2ème civ. 14 mars 2019 18-12.380).

1.Le recours à la décision unilatérale par l’employeur :

Le recours à la DUE ne
dispense pas l’employeur de son obligation d’information et de consultation du
CSE qui doit avoir lieu avant la prise
de décision
.

Elle doit être consignée
par un écrit remis à chaque salarié.

L’écrit matérialisant la
décision unilatérale de l’employeur doit préciser :

  • Le contour des garanties et les modalités de mise en œuvre ;
  • Le taux et la répartition éventuelle entre l’employeur et le salarié ;
  • La durée de l’engagement de l’employeur ;
  • Les modalités de sa remise en cause ou de sa dénonciation.

2. Quelles sont les conditions d’exonération de la contribution patronale au régime frais de santé ?

Pour rappel, l’employeur
doit faire bénéficier tous les salariés d’une couverture obligatoire de
remboursement des frais de santé et en
assurer au minimum la moitié du financement
.

Les contributions
patronales de prévoyance complémentaire sont exonérées de cotisations de
sécurité sociale sous certaines conditions, notamment :  

  • L’objet des garanties : le régime mis en place concerne des prestations complémentaires ou supplémentaires à celles servies par le régime de base ;
  • Un régime frais de santé responsable : le régime doit respecter le cahier des charges des contrats dits « responsables » ;
  • Les bénéficiaires des contributions et garanties ;
  • La nature juridique de l’organisme prestataire : institut de prévoyance, mutuelles, entreprises d’assurance relevant du code des assurances ;
  • Lanon-substitution des contributions à d’autres éléments de rémunération ;
  • Les modalités de mise en place ;
  • Le caractère collectif et obligatoire du régime

3. Que faire en cas de modification du régime de frais de santé ?

En cas de modification de
la répartition du financement entre l’employeur et le salarié du régime complémentaire
des frais de santé, celle-ci doit être portée à la connaissance de chacun des
salariés selon les modalités prévues par l’article L. 911-1 du Code de la sécurité
sociale.

Cette information peut
prendre différente forme : courrier individuel, liste d’émargement,
courrier recommandé. L’essentiel étant pour l’employeur de pouvoir justifier de
l’information délivrée à chaque salarié.

Dans le cas contraire, la société ne pourra pas prétendre à la déduction de l’assiette des cotisations.

4. Quelles sont les conséquences d’une modification irrégulière ?

Une modification
irrégulière du régime expose l’entreprise à deux risques importants :

  • La réintégration de la contribution patronale
    dans l’assiette des cotisations de sécurité sociale ;
  • L’inopposabilité du nouveau régime de prévoyance aux
    salariés.

En d’autres termes, en l’absence d’information des salariés concernés, ces derniers pourront se prévaloir des modalités initiales du régime (ancienne répartition des contributions, niveau des prestations, etc.).

5. Incidences du « Reste à charge zéro » ou panier de soins 100  % santé

La loi de financement de
la Sécurité sociale pour 2019 a institué un dispositif prévoyant le
remboursement intégral à l’assuré des soins dentaires prothétiques, des frais
d’optique et des frais d’audiologie dits « basiques » par la sécurité sociale
et l’assurance complémentaire santé.

La mise en œuvre de ce
dispositif 100 % santé passe par :

  • une
    modification du cahier des charges du contrat responsable, cahier à respecter
    si l’entreprise veut bénéficier des régimes fiscal et social attachés au régime
    de prévoyance frais de santé ;

  • une
    adaptation du panier de soins minimal légal.

Les nouvelles
dispositions relatives à la couverture minimale s’appliqueront aux contrats
souscrits ou renouvelés à compter du 1er janvier 2020 pour l’optique
et le dentaire et à compter du 1er janvier 2021 pour les aides
auditives.

Les accords d’entreprise
et les décisions unilatérales des employeurs permettant de faire bénéficier
leurs salariés de la couverture minimale de soins devront être adaptés dans les
mêmes conditions.

Concrètement, tous les
régimes frais de santé et notamment ceux institués par DUE seront prochainement
modifiés, ce qui impliquera d’informer les salariés concernés.

Par ailleurs, le texte
précise que cette adaptation doit être faite dans le respect de l’article 11 de
la loi Evin s’agissant d’un régime complémentaire institué par DUE, ce qui
sous-entend qu’en cas d’augmentation de la contribution salariale, les salariés
présents dans l’entreprise ne pourraient être contraints de cotiser contre leur
gré au nouveau régime.

PVB AVOCATS et son équipe sociale sont à votre disposition pour vous aider à faire le point sur vos obligations et vous assister dans vos démarches.